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VILLES AMÉRICAINES DU XXIÈME SIÈCLE : RÉALITÉS ET REPRÉSENTATIONS SOCIALES, CULTURELLES ET LINGUISTIQUES

 

Villes américaines du XXIème siècle : réalités et représentations sociales, culturelles et linguistiques

Présentation du numéro

  • Les mesures néolibérales successivement prises dans la majorité des pays latino-américains lors de la grave crise économique des années 80 ont révélé peu de temps après que, loin d’avoir apporté des solutions, elles avaient au contraire creusé davantage la fracture sociale déjà existante. La présence de ghettos et de communautés minoritaires dans les pays du continent américain, loin de disparaître, n’a fait que s’accroître ces dernières années.

  • L’abîme qui s’est alors ouvert entre les riches et les pauvres a eu pour corrélat la modification de la physionomie des villes ; celle-ci s’est manifestée le plus clairement, d’une part, par la prolifération des logements précaires et d’autre part par la construction de quartiers privés, véritables villes fortifiées dans la ville où se sont réfugiées les rares classes aisées, cherchant à se préserver de dangers principalement entraînés, selon elles, par l’expansion de la pauvreté.

  • Ces deux habitats illustrent notoirement l’évanouissement de toute aspiration à une homogénéité compacte de la ville latino-américaine moderne (Gorelik / Silvestri) et marquent, à l’inverse, l’essor accéléré de ce que les théoriciens ont appelé des « ciudades duales » (Castells, Sassen), des « villes fragmentées en compartiments étanches » (Harvey, Prévot-Shapira, Vidal-Rojas) ou encore des « quartered cities » (Peter Marcuse).

  • Dans ces reconfigurations du paysage urbain latino-américain, il faut en outre tenir compte de processus hautement significatifs comme, par exemple, la privatisation massive de l’espace public, la restructuration des zones intermédiaires, le changement des cadres de référence et des espaces de socialisation et de façonnage des identités tels que le quartier, les conséquences, pour certains projets – en particulier privés –, de leur planification massive, et pour d’autres – les squats ou logements « okupés » – leur croissance informelle et aléatoire ; autant de phénomènes qui nous renvoient à une citoyenneté en crise.

  • De telles redéfinitions – parmi d’autres non moins significatives – de l’espace urbain actuel impliquent à leur tour non seulement l’apparition de nouveaux sujets sociaux (les « chicos countries », les tribus urbaines comme les « cartoneros », etc.) mais aussi de nouvelles formes de (non-)cohabitation, de ségrégation, et de nouvelles formes d’expression.

  • Ce numéro 9 d’Amerika a une projection interdisciplinaire : représentations esthétiques (littérature, cinéma, art), urbanisme, sociologie, anthropologie et linguistique. Ce regard pluriel nous permet de poser les bases d’une analyse des nouvelles « réalités » des villes américaines du XXIème siècle et d’une observation des chemins suivis par les représentations esthétiques et les représentations sociales dans ces nouveaux paysages urbains.

  • L’idée de consacrer cette édition d’Amerika aux diverses représentations des villes américaines du XXIème siècle est née lors d’une session sur ce thème au 19ème Congrès de l’Association allemande d’hispanistes qui eut lieu à Münster entre le 20 et le 23 mars 2013. La session était organisée par Sabine Schlickers et Victoria Torres et vingt spécialistes y prirent part.

  • La section « Mélanges » reste ouverte à tout autre type de propositions scientifiques. Ce numéro 9 réunit des travaux variés, mais qui gardent toujours une relation étroite avec la thématique générale « mémoires, identités, territoires ». Nous avons retenu, entre autres, des articles sur l’écrivain mexicaine Rosa Nissán (premier des quatre articles qui seront publiés successivement), sur l’Argentin Juan José Saer, sur l’Argentine Inés Aráoz, sur la politique culturelle au Brésil et en Equateur, sur les représentations de la mort, sur le metteur en scène brésilien Nelson Pereira dos Santos.

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