top of page

MISE EN MOTS DE L’ESPACE URBAIN DANS LE DISCOURS DE FICTION

 

Benaldi-Sikaddour Hassiba, docteure en Sciences du Langage

 

2010. Mise en mots de l’espace urbain dans le discours de fiction. Discours sur l’identité sexuée des minorités socio-langagières dans les quartiers de Montréal et de Moncton au Canada. Thèse sous la direction de Assia Lounici et Thierry Bulot, Université d’Alger : Département de français.

 

Mots-clés : sociolinguistique urbaine / ville / communauté homosexuelle / identité urbaine / ségrégation / minorité sociolingagière / stigmatisation / lieu-espace-territoire.

  • La thèse tend à rendre compte d’un projet de recherche qui met au cœur de sa réflexion l’aspect social, et urbain du discours de fiction. Il ouvre le débat sur le rapport complexe entre le discours fictionnel et la ville tout en réflechissant sur la mise en mots de l’espace urbain et sur les représentations linguistiques qui peuvent apparaître dans un récit de fiction.

  • La ville en tant qu’espace est une des thématiques discursives qui a toujours nourri l’imaginaire des locuteurs/écrivains québécois Parce qu’il véhicule les représentations linguistiques et spatiales, ce discours est une importante source de données sur l’état des villes sur les plans linguistique et communautaire. Avec ses moyens propres, il offre une manière de mettre en mots l’espace et de rendre compte de la présence des différentes catégories sociales qui font la ville. L’intérêt sera, donc, de voir comment la sociolinguistique urbaine peut procéder pour une telle analyse dans la mesure où les représentions de la ville, considérée comme une multitude de lieux, d’espaces et de territoires se fait à travers des personnages fictifs dans un discours narratif. Claudine Moise dit : « La sociolinguistique trouve un champ polyphonique à exploiter qui dirait encore une fois la ville.(…), la ville est prise par la langue, façonnée, modelée par celui qui la dit, qui la voit, donnée en textes ou en documentaires » (Moise 2003 p 62). En effet, cette réflexion nous permet de dire que la ville est « prise par la langue » pour être redite et représentée par celui qui parle ou celui qui écrit. Pour nous, il s’agira d’explorer la représentation de celle-ci dans des discours écrits. « Par un regard résolument subjectif, la ville est décrite (…) ces types de récit font certes d’un lieu, (…) un espace propre inventé, transfiguré où les lieux décrits s’extirpent de leur figement pour se dire dans une unicité dans la voix de celui qui va et raconte » (Moise 2003 p 62). C’est cet aspect du discours de fiction qui va redire l’espace urbain via les descriptions et le regard que portera le narrateur, le personnage ou même des fois l’auteur sur la ville qui abrite les périples du récit. Ce discours va modifier, transformer et modeler la perception du réel urbain à travers la mise en mots et l’appropriation de l’espace de celui qui produit le texte.Pour réfléchir sur cet aspect du discours narratif, nous avons choisi, pour démontrer que la ville peut-être dite aussi à travers le narratif, deux textes de deux auteurs différents : l’un québécois, Michel Tremblay et l’autre acadien, Gérald Le Blanc . Ce choix est aussi motivé par le fait que l’étude de la mise en mots de l’espace, qu’est Montréal ou Moncton, permet de mettre au cœur de la réflexion la question de l’appartenance communautaire et par là même l’identité urbaine des personnages du récit. Bien évidemment cet aspect pourrait démontrer que les espaces identitaires balisent des territoires qui soit se fondent dans la norme urbaine ou au contraire sont ségrégés et stigmatisés. Dans les villes de Montréal et de Moncton tous les quartiers ne se ressemblent pas et les populations qui y vivent aussi, par conséquent les pratiques langagières vont être diversifiées, chaque communauté va s’approprier un espace et des lieux qui deviennent son territoire. Ce phénomène urbain et langagier va créer une minorisation sociale puisque « la ville est par excellence un lieu de conflits, de tension et d’exclusion des minorités sociales » (BULOT T.-VESCHAMBRE V. 2005 P4).

  • Dans ce cas on parlera de communauté urbaine et de ségrégation. La communauté ciblée dans notre recherche est celle des homosexuels qui occupe un espace de la ville plus précisément un quartier qui devient son territoire. En se mettant en dehors de la norme que représente la population citadine, ils s’opposent par cette appropriation de l’espace à l’autre population urbaine hétérosexuelle. L’autre (celui qui ne fond pas dans la norme sociale) va être discriminé et même rejeté, marginalisé dans son espace et c’est le cas des homosexuels qui vivent dans les récits de Michel Tremblay et Gérald Le Blanc.

  • Comment certaines fictions canadiennes contemporaines (francophones) mettent en mots l’espace, comment la sociolinguistique urbaine peut entreprendre l’analyse de cette mise en mots et appropriations des espaces que représentent les villes de Montréal et Moncton avec toutes les retombées sur les communautés linguistiques et par la même sur l’identité urbaine sont les questions centrales de notre recherche.

bottom of page