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CAHIERS DE SOCIOLINGUISTIQUE

La page renvoie aux numéros épuisés de la revue accessibles au format .pdf lorsque ceux-ci parlent peu ou prou (totalité ou article-s) de sociolinguistique urbaine. Cliquez sur le lien pour les télécharger.

 

Après avoir connu ses travaux fondateurs sur le terrain urbain, la sociolinguistique tente depuis quelques années de théoriser, après d’autres sciences sociales, la ville. Est ainsi en train de se constituer une sociolinguistique urbaine qui problématise l’urbanité et l’urbanisation linguistique. On tente de mieux cerner de la sorte les faits relevant de la co-variance entre langue et société et qui seraient induits par le modèle culturel dominant, où une large part est faite à la mobilité spatiale comme valeur sociale. Ce volume envisage l’espace urbain comme un lieu de variations diverses de fait culturellement marqué par ce modèle, mais qui joue systématiquement sur les rapports complexes entre l’appartenance à une communauté sociale constituée (une ville) et la nécessité pour tout habitant, tout locuteur de se différencier dans cette même communauté (un quartier, un lieu, un territoire…). La mise en mots, la mise en discours des façons de parler telle ou telle langue, telle ou telle variété, les représentations des lieux, des espaces et des langues, les rapports aux jeux identitaires sont les terrains privilégiés d’une approche sociolinguistique.

Le volume 6 des Cahiers de Sociolinguistique présente ainsi des travaux portant sur plus de onze villes de taille et de statut différents (Ouagadougou/ Burkina Faso, Lille/ France, Marseille/ France, Saint-Étienne-du-Rouvray/ France (agglomération rouennaise), Beni-Mellal/ Maroc, Rennes/ France, Nancy/ France, Rabat/Maroc, Salazie/ France (Île de La Réunion), Salé/ Maroc et Le Cap/ Afrique du Sud).

Tantôt perçu comme une menace par les tenants d’une langue française immobile, tantôt présenté comme le creuset des nouveaux usages langagiers, le terme « parlers jeunes » rend compte de la mise en spectacle d’une réalité socio-langagière nécessairement plus complexe. Il importe d’aborder le parler des jeunes comme il convient, c’est-à-dire à la fois comme un mouvement générationnel posant la différence par l’affirmation des identités, et à la fois comme un lieu symbolique où se jouent les minorations sociales. Il n’est en effet jamais vain de rappeler que le langagier (la langue et son usage) est et crée le lien social et, qu’à ce titre tout groupe de jeunes qui produit des énoncés étiquetés « jeunes » renvoie à la société la complexité des tensions en cours ; mais il démontre aussi une réelle compétence à construire du lien par la connaissance montrée du système linguistique. La sociolinguistique urbaine a montré que non seulement, en tant que structure sociale, milieu spécifique marqué par des interactions, par une culture, la ville produit un certain nombre d’effets sur les langues et le langage mais surtout que les discours tenus par les habitants sur leur(s) ou les langues dites urbaines sont un élément important, voire déterminant pour la production de l’espace énonciatif singulier que constitue chaque ville. Qu’en est-il alors du discours tenus sur les jeunes, par les jeunes ou par ceux qui ne le sont plus ? Des discours tenus sur les parlers jeunes... ? Autour de ces questionnements, le volume envisage d’une part le terme « parlers jeunes » en tant que concept à la fois analytique et synthétique pour aborder l’urbanité langagière et, d’autre part, rend compte, à partir de terrains très divers, de la part à faire à des considérations plus citoyennes portant sur « le vivre ensemble » ou, pour le moins, sur des pistes d’interventions sociolinguistiques qui constituent, au final, un réel programme et de recherche et d’action.

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