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DYNAMIQUES SOCIALES ET LINGUISTIQUES DANS L’ESPACE URBAIN

 

Spomenka Alvir, Docteure en Sciences du langage

 
2013. Dynamiques sociales et linguistiques dans l’espace urbain : parcours de ville, parcours de vie, parcours de langues des résidents étrangers. Thèse sous la direction de Aline Gohard-Radenkovic, Université de Fribourg Suisse et Thierry Bulot, Université de Rennes 2 France

 

Recherche soutenue par le FNRS (Fonds national de la recherche suisse) entre 2008-2011.

 

Mots clés : parcours urbains des résidents étrangers, récit de vie, photographie participante, pratiques spatiales et langagières, plurilinguisme.

  • Les travaux menés par cette recherche questionnent deux faits sociaux : l’appropriation des espaces urbains par les résidents étrangers et l’usage des langues dans les espaces signalés par ce même public. La corrélation entre ces deux faits devrait nous indiquer l’impact que les pratiques linguistiques ont sur la manière dont la ville est appropriée (ou pas) par des résidents étrangers. Nous nous inscrivons dans une démarche pluridisciplinaire, car l’étude de la ville ne peut se réduire à une interprétation sociolinguistique. Pour saisir la complexité des pratiques urbaines, nous nous référons à plusieurs disciplines : géographie urbaine, sociologie et anthropologie urbaine, ethnographie visuelle. Lors du recueil de données, nous n’avons pas visé un échantillon exhaustif. On s’est plutôt centré sur les pratiques spatiales et langagières singulières, restituées par les acteurs sous formes de deux récits : le récit visuel et le récit narratif. Le premier récit rend compte des espaces perçus et le second amène l’acteur à une auto-confrontation éclairant la manière dont les espaces sont vécus (Di Méo 1990), indiquant leurs positions sociales, leur place dans la ville, leur mobilité sociale, identitaire et linguistique. Lausanne, ville moyenne et multiculturelle (presque 40% d’étrangers), nous offre un laboratoire d’analyse privilégié pour la problématique choisie.

  • Le dispositif méthodologique mis en place, la photographie participante et le photo-interview (John Collier 1967), suscitent la création d’un double récit apportant des indices sur l’appropriation spatiale, linguistique et symbolique de la ville (Bulot 2002). Cette technique est susceptible de dévoiler des représentations que les acteurs se font sur leur place dans la ville en s’appuyant sur leurs parcours précédents, leur expérience antérieure, leurs stratégies, leurs aptitudes de socialisation et d’adaptation au nouveau contexte. Il est à rappeler que la démarche mise en œuvre dans une perspective d’ethnographie visuelle diffère des recherches précédentes : l’acteur est cette fois l’auteur et l’opérateur de ses propres images qu’il réalise dans la ville, les confronte et interprète ensuite au cours d’un entretien libre (Kaufmann 2007). Nous nous fondons sur la conception de l’individu, définie par Lahire, pour qui l’individu est porteur d’une multiplicité de dispositions, de façons de voir et d’agir. Ceci signifie que l’acteur s’inscrit dans une pluralité de mondes et agit différemment selon les contextes, élabore des appartenances multiples exprimées par ses pratiques sociales, spatiales et langagières. Dans ce sens, nous investiguons aussi bien les processus individuels, les "plis les plus singuliers du social" (Lahire 2001) ainsi que les conditions que la collectivité, ici la ville, se donne (ou non) pour gérer la pluralité dans la ville.

  • Les données recueillies au plan individuel sont croisées avec des macro-processus liés à la gestion de la pluralité urbaine qui influence indirectement les choix des individus. Cette combinaison de deux niveaux nous permet de construire un concept méthodologique approprié à la ville car la complexité de la ville et la multitude des appartenances de chacun ne signifient pas un traitement des données sous un seul angle, trop souvent centré sur la dimension culturelle. Les enjeux liés à notre sujet sont d’ordre linguistique, politique, économique mais aussi identitaire. Les questions posées au départ de la recherche sont porteuses d’un cadre qui implique la dimension individuelle et collective, privée et publique, permettant d’entrer dans des interstices se situant entre les deux. La méthodologie proposée nous a ouvert la porte vers des espaces et des pratiques linguistiques se situant « hors champs » ou « hors cadre » officiels.

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